La Joie de dresser une table

Commencer par la décision d’inviter 

Je réserve l'acte de dresser une table pour moi-même. Cela commence par la décision d'inviter famille ou amis à partager un repas, une fois la liste des invités confirmée. Je prends en compte la saison, qui, associée aux habitudes alimentaires et/ou restrictions particulières de la majorité, détermine ce qui sera servi. Je peux ensuite choisir les paramètres de la table, les verres et les couverts.

Ensuite vient le choix des nappes, suivi du choix des fleurs. En fonction de ce qui est disponible chez le fleuriste, je peux choisir de célébrer la saison ou de compléter le thème de ma table, des bouquets somptueux aux bouquets de fleurs sauvages ; de la célébration aux simples rappels de la beauté de la nature.

Dresser la table avec soin 

Lorsque je dresse une table, je ressens une émotion particulière, différente de toute autre. Chercher à procurer du plaisir me transporte. J'éprouve une immense satisfaction à éliminer même la plus petite ride en repassant une nappe, ou à plier symétriquement une serviette élégamment repassée.

La nappe est posée. Assiettes, couteaux, fourchettes, cuillères et verres trouvent leur place, accompagnés du centre de table et d'une batterie d'accessoires (salière et poivrière, sous-verres pour le vin, porte-bougies et une carafe pour l'eau). Je réserve l'ajout des serviettes pour la fin, à moins que je ne change d'avis et décide d'utiliser des porte-noms. Ou de changer de nappe à la dernière minute, ou d'utiliser une vaisselle complètement différente. Ou de tout changer. Une fois la table prête, je tourne mon attention vers le repas.

Dressage table ceramique

Préparer le repas avec attention 

Il est évident que, bien que les entrées et les desserts soient parfois préparés tout prêts, la tradition sacrée française dicte que l'hôte, en l'occurrence moi, se charge de préparer le plat principal. Alors que la cuisson approche de sa fin, je me prépare également, tout en effectuant une dernière inspection de ma table, avant de diriger mon attention vers le salon. J'y dispose une sélection d'apéritifs et de petites collations avant le dîner, accompagnés de serviettes cocktail et de dessous de verre. Pendant que mes invités commencent à arriver, j'allume les bougies votives pour créer une ambiance chaleureuse.

Célébrer la convivialité 

Après avoir accueilli et veillé à l'installation de mes invités, je sers les boissons et les amuse-gueules. Quelle que soit la saison, j'ai une affection particulière pour la bottarga - la roe de mulet pressée - présentée en plus ou moins grande quantité en fonction du nombre de végétariens, qui constituent une partie non négligeable de mon groupe d'amis proches.

Juste avant de passer à table, j'allume les bougies du dîner et remplis les verres d'eau - ce qui, soit dit en passant, les distingue comme tels parmi parfois deux ou trois verres différents disposés à chaque place - et les festivités commencent. La phase préparatoire est rapidement oubliée, car la convivialité ne dépend ni du dressage de la table ni du menu, mais de la mise au point de multiples éléments qui suscitent le désir de célébration. La table est bien sûr charmante ; le repas approprié, et les vins superbes. Pourtant, ces éléments sont d'importance secondaire. Ce qui importe le plus, c'est de partager un bon repas en bonne compagnie. Les querelles, les éclats de rire, les voix qui s'élèvent, les anecdotes ou les récits des derniers spectacles ou des voyages récemment effectués se succèdent comme des actes d'une pièce de théâtre. Les plats se succèdent ; un vin différent suit l'autre. Je garde un œil attentif à la fois sur les verres et sur les plats, m'assurant que chaque convive est pleinement satisfait jusqu'à l'acte final : le dessert. Parfois, après un déplacement vers le salon, les conversations se poursuivent autour de liqueurs ou d'une tasse parfumée de tisane.

Le rituel de l'adieu : Une conclusion émouvante

Le rideau tombe, les invités s'en vont, marquant le début d'un rituel aussi important pour moi que le dîner lui-même. Je change la musique de fond pour une playlist mélancolique, éteignant les bougies pour ce dernier fragment de festivité. Des traces de parfums de fin de soirée - un mélange d'eaux de toilette, d'aliments cuisinés et de fumée de bougie - flottent parmi le désordre de la table maintenant abandonnée. Les serviettes reposent sur les sièges des chaises, froissées sur la table ou abandonnées près des chaises sur le sol. Le tout forme un tableau qui ne manque jamais de m'émeuvoir ; ce moment éphémère de communion ; cette joie de partager la compagnie, ayant remis le monde en ordre. C'est à la fois réconfortant et essentiel.

Mon dressage de table n'était qu'un prétexte. Mais une table magnifiquement dressée avec amour et soin est en effet une invitation à la joie, au bonheur et à la convivialité.